Cameroun  – Violation de la carte administrative de la Lékié – Nkoltomogate” :  L’Inspecteur général des Services régionaux du Littoral, ancien Sous-préfet de Sa’a installe frauduleusement un Chef dans l’arrondissement d’Obala

‘’Nkoltomogate’’ est l’affaire qui divise actuellement les fils et filles de la Lékié. En date du 2 février dernier, OBAM André Francis Simplice sous-préfet sortant de l’arrondissement Sa’a ( puisque remplacé par Monsieur DJIBRILLA YAYA HAMADOU), nommé Inspecteur général des Services régionaux du Littoral en date du 18 janvier 2024 (voir décret), est venu frauduleusement installer un Chef dans l’arrondissement d’Obala, au compte de Sa’a. Pourtant, sur la carte administrative de la Lékié, le village Nkoltomo appartient à l’arrondissement d’Obala. Le Ministère de l’Administration Territoriale et la Présidence de la République sont-ils au parfum de cette imposture?  Des appels à des manifestations publiques pullulent la toile.  

Le Pr. NDZOMO MOLE, digne dudit village parle…

 

 

« On a voulu me convaincre de brider mon ardeur dans le combat contre la création de «Nkol Ebae », en me faisant miroiter l’avantage compensatoire de la création, sur place, d’une ville économique et technologique arrimée au grand centre économique et technologique que sera prochainement Obala. En attendant, le «village» créé compte pour la «commune de Sa’a », à la Borne 50. Que l’on consulte la Carte administrative de la Lékié.

Ce qui choque, c’est que ça ne choque pas certains Mbókání qui ont de grandes ambitions politiques, qui rêvent d’être nommés ministres de la République, ou, à défaut, de devenir administrateurs de la Mairie d’Obala; ce qui choque, c’est que ça ne leur dit rien que la superficie du territoire administratif et la population d’Obala se trouvent ainsi amputées ; et amputées par qui ? Non pas par le Président de la République, qui est le Chef du pouvoir exécutif, mais par des administrateurs subalternes : un Préfet qui compte sur son ministre de tutelle. On veut convaincre qu’il a le pouvoir statutaire de procéder à un découpage administratif dans sa circonscription de commandement, comme le Président de la République lui-même par qui il a été établi à ces fonctions.

On voit bien que ce Préfet, Monsieur Patrick Simo Kamsu, est chargé d’une mission spéciale dans la Lékié, sinon, on ne s’explique pas qu’il soit toujours en fonction, et dans le même département, dix ans, paraît-il, après sa mise à la retraite. Par qui est-il protégé puisque ce n’est pas par le Président de la République lui-même ? C’est forcément par une personnalité très haut placée dans la chaîne du pouvoir exécutif. On comprend le silence craintif ou complice de ceux qui auraient dû depuis longtemps faire entendre leur voix : on se tait par peur et par calcul. C’est un silence pascalien : si le Patron réussit son coup –  s’emparer du pouvoir, car c’est sans doute de cela qu’il s’agit, j’ai ma chance d’être coopté, et je n’aurai rien perdu. Et c’est là qu’on se trompe : on aura été remarqué comme traître à la cause commune, et on aura perdu la chance de se présenter dorénavant devant le peuple souverain pour solliciter ses suffrages. Et on ne peut pas compter éternellement sur la force, puissance essentiellement précaire, périssable. Et si le Prince s’avère moins somnolent qu’on ne le croit ? Qu’adviendrait-il alors des membres de l’Axe de la Conjuration ? Car, nous sommes apparemment devant une Mafia, avec quelques «Capo» ou Catilina à identifier et à démasquer derrière cette machine conspiratrice. Mon cri est celui de Cicéron : « Jusqu’ à quand, Catilina, abuseras-tu de notre patience ?  Pendant combien de temps ta fureur se jouera-t-elle de nous ? Jusqu’où  ta frénésie étendra-t-elle ton audace ? Ô temps, ô mœurs ! Le Sénat le comprend. Un consul le voit. Mais il continue à vivre. Il vit, que dis-je? Il a le front de prendre part aux travaux du Sénat. Il note du regard et désigne à la mort chacun d’entre nous. C’est à la mort, Catilina, que le Sénat aurait dû depuis longtemps te condamner».

 

 

Ce passage des «Catilinaires» de Cicéron, on devrait le lire et relire depuis quelque temps au Cameroun ; on devrait se remémorer l’histoire de Catilina.

De quelle mission est-il chargé dans la Lékié, le Préfet Patrick Simo Kamsu ? Certainement pas d’une mission républicaine. La Lékié doit être une terre importante pour les plans de Catilina et ses Conjurés, et il importe de la confier à un auxiliaire sûr ; et ce Proconsul doit y trouver son propre compte : des titres fonciers à profusion, par exemple.

Pourquoi monsieur Obam André, ci-devant Sous-préfet de Sa’a déjà affecté et remplacé par décret présidentiel depuis le 18 janvier 2024, est-il néanmoins venu, le 02 février 2024, «installer» en territoire administratif d’Obala un chef de troisième degré d’un village attribué à Sa’a ? Pourquoi a-t-il tenu à ce que l’amputation de la superficie et de la population d’Obala ait lieu sous lui ? D’autres auraient fait le signe de croix et auraient abandonné cette tâche ingrate à leur successeur, puisque l’Administration est continue : elle est permanente; les Administrateurs passent. C’est qu’on n’était pas sûr du bord du nouveau «chef de terre».

Avant qu’il ne déclenche ses manœuvres d’annexion du territoire administratif d’Obala, monsieur Obam André avait fait venir mon irresponsable cousin de chef de village, Noah Conrad, deuxième du nom, et lui avait tenu ce langage, enveloppe en main: «Laisse tomber ce dossier. C’est une affaire trop forte pour toi. La décision de créer sur place un village de Sa’a vient de très haut. Tu pourrais y laisser des plumes si tu résistes». Et le Chef, craintif, est sorti en tremblant, content néanmoins de son enveloppe. Il sait qu’il n’a pas les mains propres, notamment sur des dossiers de Secrétaire d’état civil : on pourrait s’en servir pour l’emprisonner ; on le lui a peut-être même rappelé.

L’ordre d’annexion, parce que le dossier est suivi en haut lieu, a été relayé par le Ministre de tutelle, et par le Préfet, membre du même Axe de la Conjuration ; et puis, la Dynastie Ndongo Essomba a joué de son instrument de prédilection auprès du Sous-préfet,  l’argent, car le Directeur général de la Caisse autonome d’amortissement est un argentier, courtisé même par des ministres ; et la gourmandise de l’argent est un vice très courant chez les administrateurs civils de nos jours. Monsieur Obam André ne s’en est peut-être pas sorti les mains vides. Et puis, il y a cet intérêt qu’au-dessus, il y a le Capo, faiseur de rois et de roitelets.

La mobilisation des forces de l’ordre pour l’installation, le 2 février 2024, d’un chef fantoche en territoire administratif d’Obala pour le compte de Sa’a aurait pu se faire pour l’installation d’un Préfet: des gendarmes venus de Monatélé, d’Obala, d’Ébebda et de Sa’a. Pourquoi une si forte mobilisation pour un évènement aussi minuscule ?  Le Commandant de la brigade de gendarmerie d’Obala, qui en assurait la coordination, avait instruction de me rencontrer pour négocier avec moi afin que je ne me manifeste pas, car il était prévu que je puisse gâcher le scénario. Quelques jours plus tôt, le 27 janvier 2024, ai-je appris, le Maire d’Obala, ou un de ses adjoints, avait, chez «le chef», présidé une cérémonie de mariage civile entre une fille de monsieur Éwolo Joseph, nouveau «chef du village», et un procureur de la République, originaire du village Ntoh dans l’arrondissement d’Obala. Ceci reste à vérifier.

Monsieur Édiba, car c’est son nom qui transparaît, est un juriste et un Maire trop expérimenté pour accepter d’officier hors de son territoire. C’est, pour moi, la preuve que la mascarade d’installation de chef de troisième degré était en fait commanditée par une très haute personnalité au moins, et que les commanditaires  avaient conscience du faux qu’ils s’apprêtaient à commettre. Il y a contre eux des preuves accablantes que j’ai produites. Pourquoi n’y cède-t-on pas ? Nous sommes dans un état d’anomie, étymologiquement, cela signifie «absence des lois », non pas parce qu’elles n’existeraient pas dans le Pays, mais parce qu’elles y sont crânement bafouées, donnant ainsi lieu à l’impunité et à des cas de mauvaises conversions : des bons deviennent méchants, voyant que c’est la méchanceté qui paye.

Imaginons une Coupe du Monde ou d’Afrique sans VAR depuis que l’assistance technique de la télévision a été intégrée dans le corps arbitral ; ou alors une Coupe de football où les verdicts de la VAR sont systématiquement refusés par l’arbitre central. Dans une telle situation, la société est comme un organisme dépourvu de son système immunitaire, exposé à la première maladie, quelque bénigne soit-elle objectivement. C’est le pays dont les Conjurés veulent nous laisser l’image sous le nom de «Cameroun», un pays atteint de drépanocytose, où prospère le déni de justice.

 

 

Prince, Monsieur le Président de la République,  faites attention : vous êtes entouré de conspirateurs, exposé en permanence à un risque de coup d’État. J’aime trop mon pays pour me résigner à cette idée qu’une situation de fait la valeur d’une situation de droit, que la superficie et la population d’Obala ont effectivement diminué de par la décision d’un Préfet : toute signature d’un administrateur n’est pas forcément légale.

En attendant que Monsieur le Président de la République clarifie lui-même cette situation par un décret, «Nkol Ebay» sera le seul village au monde où il y aura trois administrations : celle d’Obala, celle de Monatélé également annexé à Nkoltomo 1 qui ne s’est encore aperçu de rien, et celle de Sa’a qui «annexe». Au plan mathématique, ce serait le seul cas au monde d’un village à propos duquel on parlerait d’intersection administrative. Ceci, sans conteste, fait jurisprudence. C’est tout, sauf républicain, tout, sauf dans un État, celui-ci étant une communauté humaine qui, dans les limites d’un pays, «revendique toujours avec succès le monopole de la violence physique légitime », pour reprendre l’idée de Max Weber.

À côté du Pouvoir légal représenté par le Président de la République, au Cameroun, il s’en est formé un autre, parallèle et rival, qui reconfigure, comme il lui convient, la Carte administrative du Pays , et cela, dit chacun des membres de cet Axe de la Conjuration, «au nom des pouvoirs qui me sont conférés », et «vu les nécessités du service».

Ces cas de filouterie administrative sont encadrés par l’estampille légale de l’État ainsi cocufié dans ses propres installations, comme un infortuné époux dans son propre lit conjugal. Depuis quand un village ou un arrondissement en annexe-t-il un autre ? On est donc dans l’état de nature où chacun survit en fonction de sa force ? On peut comprendre qu’un État en annexe un autre, puisque les relations internationales sont toujours plus ou moins entachées des tendances de l’état de nature.

Ainsi, passant outre aux verdicts de la Haute Cour Internationale de la Haye, l’État qui, abusant de sa force, en a annexé un autre peut rester dans le territoire annexé , et même incorporer le territoire annexé dans le territoire national : ce fut le cas de la Turquie à Chypre ; c’est le cas d’Israël en Palestine ; la Libye est partie de la Bande d’Aozou au Tchad, et le Nigéria de la péninsule camerounaise de Bakassi parce que ce sont des États africains, dotés d’une force de frappe et d’une résilience négligeables. Mais dans un pays, l’État, «Dieu terrestre» comme dit Hegel, est l’arbitre naturel, à côté duquel les autres unités administratives ne sont que des auxiliaires et ne valent par conséquent absolument rien. Veut-on nous convaincre qu’au Cameroun, l’État n’existe plus ?

 

 

Ce qui encourage les Conjurés dans leur forfaiture, c’est l’âge avancé du Président. Ils le voient sous les traits du Lion de la Fable, que La Fontaine a emprunté à Phèdre, et celui-ci à Ésope l’Africain : le Lion devenu vieux ; je demande l’indulgence des lecteurs pour les inévitables défaillances de la mémoire :

«Le Lion, terreur des forêts, chargé d’ans et pleurant ses antiques prouesses, fut enfin attaqué par ses propres sujets. Devenus forts par sa faiblesse, le Cheval, s’approchant, lui donne un coup de pied, le Loup un coup de dent, le Bœuf un coup de corne. Le malheureux Lion, languissant, triste et morne, peut à peine rugir par l’âge estropié. Il attend son destin sans faire aucune plainte. Quand, voyant l’Âne même à son tour accourir :”Ah ! C’est trop, lui dit-il. Je voulais bien mourir, mais c’est mourir deux fois que souffrir tes atteintes”».

Ce qui se passe à Nkoltomo 2, dans l’arrondissement d’Obala, c’est une tentative d’expérimenter le coup de pied de l’Âne. On croit que le Lion est mourant, incapable de l’une quelconque de ses antiques prouesses. Mais qu’on se méfie des revers du Lion. On a vu de quoi il est capable lors de ses deux rencontres avec les Présidents Hollande et Macron de France : «Ne dure pas au pouvoir qui veut, mais dure qui peut». Un journal français, France Inter peut-être, a souligné, admiratif, lors de la dernière rencontre avec Macron, que les mots du Lion s’enseignent dans les Écoles de diplomatie dans le monde. On a fait une thèse de Doctorat en communication sur ses silences ; on en peut aussi faire une sur ses mots ; on a d’ailleurs écrit tout un essai sur ses «proverbes». Paul Biya est un grand lecteur de Machiavel, et des lecteurs de Machiavel, il faut se méfier.

L’auteur du «Prince» enseigne que la politique n’est pas une affaire d’ herbivores ou de «moutons», mais une affaire de fauves, avec respectivement pour modèles le plus petit qui en est aussi le plus intelligent, le Renard, et le plus grand qui en est aussi le plus puissant, le Lion. Le bon Prince cumule les deux qualités : la force et l’intelligence ; il est d’ailleurs supposé être un cerveau de deuxième classe au moins (qui comprend vite ce qu’on lui explique), ou, à défaut, une intelligence de première classe, capable d’initiatives opportunes et d’anticipations heureuses ; qui n’est pas capable d’anticiper n’a pas à se mêler d’ambitions politiques : «Il ne faut point laisser se produire un désordre pour fuir une guerre. Car on ne l’évite pas : on la diffère à son désavantage».

Je promets fermement, pour ce qui me concerne, que le combat continu de plus belle, fussé-je abandonné de tous les Mbókání, ou de toute la population de Nkoltomo 2. «Nkol Ebae», créé de bric et de broc par le Préfet Patrick Simo Kamsu par amitié ou complaisance pour la Dynastie Ndongo Essomba et encouragé par son Ministre de tutelle, Paul Atanga Nji, c’est mon Carthage d’Hannibal Barca, la cité à détruire ; et moi, je suis  Caton l’Ancien dans ce dossier singulier que j’ai appelé Nkoltomogate: «Delenda est Carthago » ; «Ceterum, censeo Carthaginem esse delendam ».

 

Pr. NDZOMO MOLE, Village Nkoltomo II

 

Décert numéro 2024 015 du 15 janvier 2024 portant nomination des Sous-prefet du Cameroun

 

Source : La Voix Des Décideurs

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