Gouvernance mondiale de la Covid-19, éthique et divergences scientifiques : enjeux et impacts en Afrique

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Gouvernance mondiale de la Covid-19, éthique et divergences scientifiques : enjeux et impacts en Afrique

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Gouvernance mondiale de la Covid-19, éthique et divergences scientifiques : enjeux et impacts en Afrique   [sc name="publicite-responsive" ]

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Gouvernance mondiale de la Covid-19, éthique et divergences scientifiques : enjeux et impacts en Afrique

 

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Introduction.  Le présent texte est une synthèse de notre communication « Gouvernance globale de la covid-19, éthique et divergences scientifiques : enjeux et impacts en Afrique ». Elle a été faite le samedi 6 juin 2020, dans le cadre du cycle des E-conférences de l’Institut de Recherche Interdisciplinaire au Sahel et l’Université Mohamed V, dont la thématique générale était : « Gouvernance médicale, éthique et sécuritaire de la covid-19 en Afrique ».  Avant toute chose, il importe de rappeler quelques définitions en rapport à l’éthique.

Une attitude d’un responsable du Ministère camerounais de la Santé Publique, Dr Mintop, remettant des dons au District de Santé de Batouri , dans la région de l’Est du pays

En effet, l’éthique est la science qui traite des principes régulateurs de l’action et de la conduite morale et l’éthique médicale, qui nous intéresse, participe à la fois de la déontologie, de la morale et de la science. L’éthique médicale étant l’aspect limité à la santé d’une notion similaire, mais plus vaste, la bioéthique, quant à elle, représente l’ensemble des règles appliquées à tous les domaines des sciences de la vie. Ce rappel définitionnel de l’éthique médicale est utile ici, car la covid-19 est source de controverse. Rétractions et falsifications des données scientifiques aux conclusions précipitées ainsi que des désaveux d’infectiologues de renom, sont symptomatiques du dysfonctionnement de la gouvernance de cette pandémie qui bouleverse le monde, y compris l’Afrique.



Notre contribution interroge l’éthique médicale de la gouvernance mondiale de la covid-19. Le problème de la gouvernance mondiale de cette pandémie, ainsi que la place de l’Afrique dans ce débat global sont ainsi examinés. La gouvernance globale de la covid-19 : mise en lumière de la polémique relative aux divergences, aux fraudes et à falsifications des données scientifiques.

 

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La Pandémie mondiale (la Covid-19) a révélé à l’humanité un fonctionnement anormal de la Science et de ses exigences, quant à son objet et sa méthode d’étude de la part des chercheurs. Le désaveu au professeur Raoul exemplifie remarquablement bien cette réalité. Épidémiologiste de référence, primé plusieurs fois à l’international, le Pr Raoul est en poste en Marseille. Face à la pandémie mondiale, il suggère à la Science et à l’humanité une alternative qui semble être la moins mauvaise possible ; à savoir l’hydroxychloroquine, une combinaison de médicaments moins coûteux et accessibles à tous, déjà sur le marché. Cette proposition a été combattue de toutes parts, encore plus en France, son pays d’origine où il exerce. Incompréhensible ! Les prises de position de cet éminent scientifique lui ont valu des sanctions disciplinaires de la part de la commission scientifique, ainsi qu’une audition auprès du Senat français.

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À tout cela, les populations mondiales n’y comprennent rien du tout. Elles vivent dans la psychose et dans l’angoisse dans ce contexte aux allures apocalyptiques.

Plutôt que de faire valoir le « principe de précaution » et compte tenu des divergences pressantes et multiformes entre chercheurs, le Pr Raoult a réagi face à l’urgence. C’est l’essence même du processus scientifique, rappellent certains spécialistes, à l’image de la sociologue Anne-Marie Duguet. Elle suggère d’aller au-delà des polémiques, car il y a des controverses dans toutes les conférences scientifiques, ce qui est d’ailleurs très enrichissant. Mais que veut le public dans de telles circonstances ?  La réponse est simple, il y a nécessité de trouver un remède miracle dans l’urgence et malgré l’incertitude. Tel était l’état d’esprit et la position querellée et combattue du Pr Raoult qui a fait l’objet d’un lynchage médiatique et politique parfois surprenant.

La controverse que suscite la covid-19 ne se cantonne pas à la science. Au contraire, la science laisse place à la nébuleuse médiatique et politique. Alors que l’humanité s’attendait à une alternative scientifique urgente, certains scientifiques et personnages politiques des médias rentrent en scène. Ils étaient censés harmoniser leurs positions et rassurer les populations. C’est plutôt le contraire qui se produit. Ils prennent des décisions contraignantes, sans doute de prudence, mais non scientifiques malgré tout, de confiner les populations en déconseillant l’usage des masques. Ce fut le cas en la France et dans plusieurs pays de la Communauté Européenne.

Les médias, les politiques et quelques scientifiques parfois à la solde des firmes pharmaceutiques occupent l’espace médiatique et font des analyses qu’ils contredisent eux-mêmes le lendemain, un véritable fiasco dans cette nébuleuse médiatique. Tour à tour, ces experts des médias passent expliquer que l’Hydroxychloroquine est très nocif et impropre à la consommation humaine, car ce médicament occasionnerait des effets néfastes plus graves que les effets positifs que la médecine attend d’un médicament homologué.  En même temps, ces experts ne proposent aucune alternative rapide et fiable à l’Hydroxychloroquine du Pr Raoult.

  1. Fraude scientifique, falsification et rétractation : un fléau dans la littérature du monde (bio) médical

Qu’est-ce que la rétractation ?  Dans le monde scientifique, la rétractation consiste au retrait de la littérature scientifique d’un article qui n’a plus rien à y faire dans une revue, du fait d’une non-convenance des articles qui ne peuvent plus, de ce fait, être pris en compte par le monde scientifique ni être cités dorénavant. Un avis officiel est fait à l’endroit des acteurs concernés et mention est faite à qui de droit sur le fait que ledit article reposait sur une mauvaise pratique de recherche scientifique. Les rétractations ont ainsi pour but de corriger une littérature scientifique querellée ou retirer d’une revue officielle. Il s’agit en fait d’identifier, de clarifier et, in fine, de dénoncer l’erreur ou la fraude en question. Le résultat visé est le rétablissement de la vérité (scientifique).

 

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Dans ce contexte de pandémie covid-19, la science a connu des turpitudes et l’éthique médicale a été foulée aux pieds. La preuve, deux des plus grandes entités liées au monde médical mondial comme The Lancet et Surgisphere ont procédé à la rétractation d’articles en rapport à la pandémie-Covid-19. Des articles aux données falsifiées et douteuses qui pouvaient conduire à une situation dramatique pour les patients. Soulignons que l’auteur de l’étude falsifiée est le même pour les deux revues. Il s’agit de Mandeep Mehra et urgisphere était le pourvoyeur et la source des données. Dans tout ce désordre né de la mal gouvernance de la pandémie, l’Afrique n’a pas été entendu ni pris part au débat comme d’habitude, alors même que les enjeux les impacts y relatifs, ont, irréfutablement, une incidence sur elle.

En même temps, trois des quatre auteurs de l’étude de « The Lancet » se rétractent jeudi 4 juin 2020. Le monde entier découvre une supercherie scientifique, bouleversant ainsi le Landerneau scientifique. La raison de cette réaction se trouve dans la falsification des données utilisées pour rédiger et publier un article scientifique commandé, in fine.

C’est dans ce contexte difficile que trois des quatre auteurs de l’article ont décidé de se rétracter et de retirer leur signature en raison des « données utilisées ». Ils ne pouvaient pas garantir la justesse et la véracité des données primaires mobilisées dans la rédaction de leur article. Mandeep Mehra, Frank Ruschitzka et Amit Patel l’ont écrit et spécifié à la célèbre revue scientifique The Lancet. La situation a impacté un troisième complice ; à savoir Sapan Desai, chirurgien et fondateur de Surgisphere, la société qui affirme avoir collecté les données médicales de 96 000 patients, ayant fourni l’accès à la base de données aux scientifiques charlatans. Des cas de fraudes et de rétractations qui déshonorent et transgressent le souci éthique et déontologique qui caractérise la science.

III. Impacts de la mal gouvernance de la codid-19 en Afrique et enjeux décisionnels

L’Afrique aussi fait face au coronavirus, avec officiellement, moins de décès que les autres continents. Les gouvernants africains aux abois assistent aux débats y relatifs et attendent que les pays occidentaux relèvent le défi pandémique sans précédent qui décime l’humanité, notamment les personnes fragiles, dont celles du troisième âge. L’Afrique se place ainsi dans une position de suiveurs et d’exécutants, tant au niveau de la production des tests PCR qu’à la course mondiale à la production des vaccins anticovid-19. Pendant ces temps, des mesures contraignantes telles que les couvre-feux, le port obligatoire des bavettes, etc. sont omniprésentes et les cas des décès peu visibles. Les gouvernants des pays africains font aussi face à des populations souvent délaissées et déjà affamées ou victimes d’autres maladies.

 

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Si certains pays du continent comme le Sénégal, le Cameroun, le Nigéria, l’Afrique du Sud, etc., travaillent à créer leurs propres équipements et des masques de protection, d’autres sont à la merci de leur système de santé défaillant.

Les confinements et les couvre-feux qui ont été imposés, souvent au rythme et à l’arrimage des Occidentaux, impactent durablement les économies (formelles et informelles) de ces pays déjà à l’agonie. De même le port de masques rendu obligatoire ou les consignes d’hygiène qui ont été données un peu partout sur le continent, peinent à être rigoureusement appliqués par les populations. En clair, la réalité de terrain est différente, car, in fine, les conditions de vie et d’existence des populations s’avèrent plus préoccupantes que la crainte de la pandémie. Les populations sont plus préoccupées par les problèmes du quotidien, ceux de survivre à la faim, se soigner et avoir l’accès à l’eau potable, un sacerdoce dans certains pays d’Afrique.

Dans la plupart des pays touchés par l’épidémie de Covid-19, le seul moyen d’éviter une contagion importante reste le confinement et les couvre-feux vus et revus. Lorsque l’épidémie a commencé à toucher l’Afrique, un pays comme le Bénin a dit, clairement, qu’il ne pouvait pas, pour des raisons économiques, imposer un confinement extrême, mais il a néanmoins appliqué quelques mesures telles que la fermeture des écoles, les lieux de rassemblements, les bars, etc.

Tout compte fait, le confinement est difficilement tenable dans certaines régions d’Afrique, car il pose très justement la question du capital social et économique des États qui peinent déjà à satisfaire leurs populations en temps normal. En clair, pour pouvoir faire accepter une décision aussi difficile qu’un confinement ou un couvre-feu, il faut que ces États aient un minimum de crédibilité démocratique, de légitimité ou autre, ce qui n’est pas toujours le cas sur le continent Noir.

 

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En guise de conclusion

Les manquements à l’intégrité en recherche scientifique et médicale sont un problème grave pour l’Afrique en général et l’Afrique subsaharienne en particulier. Un cadre légal sous sa gouverne de l’Union Africaine ou autres organes, capables de mettre en place des directives strictes, semble absent ou peu fonctionnel. Celui-ci permettrait une meilleure homogénéisation entre pays de ce continent dans la lutte contre la pandémie, ainsi que les fraudes scientifiques entre autres.

Même dans ces contextes difficiles et vitaux, les pays africains attendent les décisions des pays occidentaux et/ou des Organismes internationaux.  La validation des produits issus de la médecine traditionnelle de certains pays africains est quasi impossible, les conclusions scientifiques de la médecine moderne priment sur tout. Or, une valorisation des savoirs médicaux africains, encore plus dans un contexte médical difficile comma la pandémie actuelle, constituerait une avancée majeure pour obtenir plus d’autonomie et de crédibilité en matière de recherche scientifique.

Face à ce désordre relatif à la science et à la pandémie Covid-19, l’Afrique peine à s’affirmer comme continent ayant son propre protocole de recherches, malgré le fait que certains de ses chercheurs proposent des alternatives de traitement médical de la covid-19 jugées fiables par ses populations. Madagascar, le Bénin, le Cameroun ou le Gabon s’y sont essayés. Malheureusement, les gouvernants africains ont du mal à prendre en compte les produits de leurs chercheurs, sans doute, face aux pressions des lobbys internationaux sous couvert de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qui tiennent les firmes pharmaceutiques et l’industrie du médicament. Cette situation bafoue l’éthique de la responsabilité et le principe d’autonomie que dispose chaque peuple. En même temps, l’Afrique devient de plus en plus, une terre d’expérimentation des médicaments, des vaccins, etc. internationaux, avec parfois la complicité de ses gouvernants. En cela, L’Afrique reste un véritable dépotoir scientifique mondial !

 

Par Blanchard MAKANGA

Biographie

Blanchard MAKANGA est diplômé de philosophie de l’Université de Poitiers. Chargé de Recherche à l’Institut de Recherche en Sciences Humaines (IRSH/CENAREST/Gabon), il est l’auteur de plusieurs ouvrages et articles sur les questions éthiques, environnementales, climatiques et technoscientifiques.

 

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