Cameroun – Visite dans le septentrion : ibrahim Talba Malla vient apaiser les esprits

C’est une visite de travail sous fond d’apaisement que vient d’effectuer le ministre des marchés publics Ibrahim Talba Malla, à la suite du courroux que viennent d’exprimer certains militants du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais en marge de la commémoration de l’anniversaire d’accession du président à la magistrature suprême.

 

C’est une visite du Ministre des Marchés publics dans la partie septentrionale du Cameroun plein d’enjeux. Enjeux stratégique diront certains, et politique pour d’autres, au sein du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais, sérieusement secoué à la veille du double scrutin municipal-législatif. Bien au delà de l’examen sans complaisance, du niveau d’exécution des travaux dans les grands chantiers d’infrastructures.

C’était également l’occasion pour l’un des dignes fils de la région du grand Nord, de mesurer son poids politique, sa capacité à faire fédérer les ressortissants des trois régions septentrionales. Et donc, de jouer sa carte à fond, au moment où, la majorité de l’élite qui parle au nom de la communauté, est soit en baisse de popularité, soit tout simplement rejetée.

Difficile donc dans ce contexte de faire émerger un véritable leader. Chose qu’avait en son temps arraché de haute lutte, Marafa Ahmidou Yaya, au sein du RDPC. Son arrestation a définitivement clivé l’ancien fief du parti de l’UNDP du Peul Bouba Bello Maïgari, pourtant acquis au RDPC. La tache s’avère donc ardue, pour Talba Malla et ses camarades, qui viennent de séjourner de ce coté à l’effet de commémorer les 37 ans de l’accession du président Paul Biya à la magistrature suprême.

Une commémoration sous fond de tension, avec en toile de fond le fantôme de l’ancien président Ahmadou Ahidjo. Dont la question du retour des restes dans son Cameroun natal, demeure d’actualité.  Et la méfiance longtemps observée entre le Grand Nord musulman et animiste et le Sud majoritairement chrétien est encore perceptible.

Et le père de la nation de reconnaitre : « oui il y a eu un complot, un complot contre Ahmadou Ahidjo et probablement aussi contre le Nord-Cameroun », avait martelé, en parlant de lui-même, l’ancien président Ahmadou Ahidjo, en mars 1984 lors d’une conférence de presse donné à Paris. Expliquant, pour la première fois, pourquoi il avait choisi Paul Biya et non un tiers, Ahidjo lâche : « Comme il n’était pas du Nord, qu’il était chrétien, qu’il descendait d’une petite ethnie du Centre-Sud, il m’a semblé qu’il pouvait, plus facilement que d’autres, être un trait d’union dans le pays, que l’on ne m’accuserait pas de privilégier le Nord, de confisquer le pouvoir aux mains des hommes du Nord et de ma religion. »

Notons que depuis le retour au multipartisme au Cameroun en 1990, le Nord va être soumis à un retournement dans la gestion de l’ethnicité, les élites des différentes communautés tentant de trouver une nouvelle rationalité, de définir des objectifs et d’apprécier l’ensemble des ressources leur permettant de bénéficier avantageusement de la rente politique et de se positionner stratégiquement au niveau local et national. Un regard sur la sociologie électorale du Nord-Cameroun montre à suffisance, une instrumentalisation de l’ethnicité dans la vie politique par une élite assoiffée de pouvoir. La crise de la succession présidentielle de 1982, et la guerre contre boko haram, couplée de la politisation de l’ethnicité et de la démocratisation autoritaire du régime du Président Biya, a conduit à la bipolarisation de la vie politique de cette région mais aussi et surtout à la perturbation de ses tendances électorales.

 

Par Thierry Eba / Afrique-54.com /Afrique

 

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