Cyberespace : Le journaliste prst dans la toile à l’ère du numérique

C’est ce qui ressort en filigrane aujourd’hui à la lumière de l’exercice de cette profession sous divers cieux.

 

C’est peu de dire que le numérique en général et internet en particulier ont radicalement changé le monde. Tant les mutations sont profondes, touchant à divers secteurs de vie, allant des habitudes et modes de vie des citoyens du monde, en passant par la pratique de diverses activités, à la création de nouveaux métiers. Dans ces mutations généralisées, la profession de journalisme n’est pas en reste. Puisque ses acteurs le vivent au quotidien, et sont comme qui dirait, pris au piège de la toile.

C’est du moins, l’un des constats fait par Syndicat National des Journalistes Cameroun, en cette période marquée par une crise identitaire des organisations médiatiques, lequel a choisi d’organisé les 23 et 24 Mai 2019, un séminaire atelier à la fondation Friedrich Ebert de Yaoundé, au profit de ses membres. Afin de capacité ces derniers, sur les enjeux de leur profession à l’ère des réseaux sociaux.

Des hommes et femmes, à la conquête du cyberespace, qui leur reste malheureusement encore peu ou mal connu. Pourtant présenté comme le cadre par excellence de réinvention et de renouvellement d’une profession mise en abîmes par tant de siècles de critiques.

Aujourd’hui, les incidences de l’Internet sur la profession journalistique sont repérables à plusieurs niveaux. D’abord au niveau des procédures de travail, où de nouveaux outils de recherche et de partage des informations sont nés. Ensuite au niveau des supports de diffusion, à l’instar de la production en ligne sous la forme de sites Web. Mais si cette double incidence est effective dans notre paysage médiatique depuis plus de deux décennies, s’agit-il pour autant de modifications en profondeur susceptibles de bouleverser l’identité et le savoir-faire de la profession? Une interrogation qui taraude l’esprit de bon nombre d’observateurs du paysage médiatique. Et à laquelle les principaux panélistes qui se sont succédés durant cette session de Yaoundé, ont tenté d’apporter des réponses.

Selon des théoriciens du cyberespace, le journaliste doit se revêtir de trois principes fondamentaux, à savoir l’hypertexte, la navigation et l’interaction. Trois principes constitutifs de l’édifice conceptuel le mieux à même de garantir une utilisation optimale des réseaux numériques. Pour certains d’entre eux, comme Jean-Louis Weissberg, le journalisme gagnerait, dans ses conceptions comme dans son mode de fonctionnement, à s’en inspirer au mieux. C’est dire, tout le challenge qui interpelle le journaliste du XIX ème siècle.

Dans une société au sein de laquelle l’information n’est plus la chose la mieux partagée, et où le journaliste n’a plus le monopole du traitement de ce qui est devenu la denrée économique et stratégique de premier ordre. La vocation se trouve dès lors en danger, notamment sur le Web, où le journaliste n’est plus, à lui tout seul, « le maître de l’information ». Les entreprises de presse sont aujourd’hui concurrencées sur ce terrain par les acteurs qui interfèrent sur ce segment on ne peut plus stratégique.

Plusieurs enquêtes réalisés sur l’information locale et régionale montrent clairement une dépendance du journaliste vis-à-vis des sources institutionnelles, dominantes sur le cyberespace car produites et contrôlées par les administrations publiques et les grands groupes de l’industrie communicationnelle. En outre, les journalistes interrogés dans le cadre du récent atelier à la fondation Friedrich Ebert de Yaoundé, reconnaissent utiliser Internet avant tout comme un générateur d’accès facilité aux sources «crédibles». Cela traduit chez eux une certaine peur d’être confrontés, à des contradictions de tout bord, voir, s’exposer à un déficit de crédibilité.

Pendant 48 heures, dans cette enceinte de la fondation Friedrich Ebert au quartier Bastos de Yaoundé, la quarantaine d’hommes et femmes de médias ayant pris part, ont pu cerner chacun qu’Internet, en tant qu’accélérateur de paradoxes, pousse le journaliste à changer de paradigme. D’où l’urgence de sortir des frontières du journalisme tout court, pour mesurer les changements induits, d’une profession inscrite au cœur de la vie de l’homme.

 

Thierry Eba

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