Lettre ouverte :Un écrivain camerounais demande à Paul Biya de respecter ses promesses électorales

L’écrivain camerounais Calvin Djouari installé en France n’a jamais été aussi dur envers Paul Biya. Pendant les élections, on l’a vu soutenir « La Force de l’expérience » et après sa réélection, Calvin Djouari crache ses 4 vérités au félin d’Etoudi.

 

 

« Monsieur Président de la République,

Lorsque ces quelques lignes seront soumises à votre lecture, ceci proviendrait du fait de votre élection pour la 7ème fois à la magistrature suprême du Cameroun. Le sens de l’histoire s’acquiert en y participant un peu. Moi aussi je désire y participer. Le conseil vous a déclaré vainqueur, je n’en doute d’ailleurs pas.

Au Cameroun, j’ai toujours respecté les institutions. J’apprendrai aux miens à faire de même. Maintenant que les Camerounais vous reconnaissent comme leur président, vous devez savoir, que vous êtes président de ceux qui vous ont voté et de ceux qui ne vous ont pas voté. Soyez sûr d’une chose que tous ont gardé fidèlement dans leur mémoire, le souvenir de ce que vous avez promis au cours de cette campagne. Ils ne vont pas attendre, ce que vous avez promis. Ils ne doivent pas attendre.

Il est temps d’apporter une autre touche personnelle. Il est temps de faire du Biyaisme, d’inventer, de créer des idées et des actions fortes pour l’essor de la société. Que ceux qui vous entourent, s’élèvent à la dignité de leur fonction et de la charge qui leur seront confiées.
On attend que vous honoriez votre serment en réalisant pour les populations des actions concrètes. Il y a beaucoup de problèmes dans ce pays. On trouve ces problèmes dans les hameaux, dans les campagnes, dans les villages… Je ne parlerai pas des villes secondaires ou les grandes métropoles. Occupez-vous du pays. Vous êtes un Président d’âge mûr qui enchante certains collègues africains par l’étendue de ses connaissances.

 

 

Monsieur Président de la République,
Le coût de la vie reste élevé. Les produits de première nécessité coûtent chers, très chers. Les populations n’ont pas d’argent, l’emploi n’a pas décollé, les entreprises ne font que fermer et les délestages continuent. Le pays reste dans l’insécurité totale. Beaucoup de Camerounais ont faim. J’ai retrouvé à l’extérieur presque tous mes anciens élèves qui tenaient le même langage : C’est dur au pays. Beaucoup sont partis. Et si les autres pays ne les avaient pas accueillis, Vous aurez eu derrière votre dos une autre armée de réserve. Il faut réorganiser cette société profondément. Il faut donner le pouvoir d’achat aux Camerounais. Il faut encourager la concurrence. Il faut créer des emplois en masse. Cela ne peut se faire qu’avec le secteur privé. Créer les emplois ne relève pas de l’état parce que l’état ne peut pas tout faire.

Le Cameroun est un pays à virulence capitaliste atténuée.
C’est le secteur primaire et secondaire qui doit être développé. Il faut encourager les investissements des Camerounais de la diaspora, en leur évitant les longues procédures administratives, parce qu’ils sont sur deux fronts. Ils n’ont pas le temps de suivre le dossier puisqu’il faut retourner travailler dans leurs pays respectifs.

Monsieur Président de la République,
A celui qui vient créer des opportunités d’emplois, qu’on lui déroule un tapis vert. Il faut encourager toutes initiatives privées qu’elles soient petites, moyennes ou grandes. Beaucoup de gens aiment le Cameroun et souhaitent y retourner vivre. Il faut revoir la sécurité du territoire, les gens veulent vivre en paix.

Pourquoi ne pas former un gouvernement d’union nationale… Pourquoi ne pas organiser un forum économique pour le développement du Cameroun… Lors des dernières consultations électorales, chaque Camerounais(e) les a vues se dérouler en direct et c’était suffisant pour être heureux. Faites quelque chose de fort dans cette première année de votre 7 ème mandat. Vous avez une sagesse accumulée pour connaitre ce que les Camerounais veulent. Pourquoi ne pas exécuter certains programmes des autres candidats qui sont pertinents !

Excellence Monsieur Président de la République,
J’ai beaucoup voyagé en Afrique pour comprendre que le Cameroun n’est pas si mal. Mais la population s’est accrue et il faut tenir compte de cette dure réalité. Le cri de chaque Camerounais reste l’espérance qu’ils ont en vous jusqu’à la dernière minute.
Des générations de jeunes se sont succédées sous votre présidence. Beaucoup sont morts dans la haine, et l’ont transmis à leurs enfants. Portez dès à présent la voix des jeunes. La dernière élection présidentielle a eu pour le développement de ma pensée, une influence plus grande que les 36 années que vous avez passées à la tête de l’Etat camerounais. Une élection qui a vu des Camerounais, s’isoler dans leur réflexion pour un droit au calme afin de retrouver la retraite nécessaire, à l’observation, à l’étude, comme à l’écriture. Chacun a vu la vie mouvementée d’un homme politique.

Personne ne fera sa vie en noircissant les belles pages blanches qui ont été écrites. Je ne saurais en m’adressant à vous, nier l’importance de ce que vous avez fait pour le Cameroun depuis 1982.

On sent avec tout courage, que vous avez envie d’apporter une fois de plus, force et conviction, mais la réalité est là. En Afrique, on doit avoir le respect de ceux qui ont vécu. C’est ce que je fais, mais un roi africain doit avoir de grandes oreilles.

Monsieur le président, tenez bon.

Fait à Paris le 19 novembre 2018
(e) Calvin Djouari, Ecrivain et Enseignant »

 

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